Donner des os à mon chien ou mon chat ? Une bonne idée ?

C’est un sujet qui fait débat et la majorité des vétérinaires sont plutôt frileux à recommander l’ajout d’os à l’alimentation d’un chien ou d’un chat.

Je vous propose d’aborder les différents points pour vous faire une idée plus précise et de vous éclairer quant au choix d’ajouter des os à l’alimentation de votre chien ou de votre chat.

 

Comme beaucoup de choses, tout n’est ni noir ni blanc et je nuance mes propos volontairement car la réponse à « Est-ce que je dois donner des os à mon chat ou mon chien ? » est ni OUI ni NON, cela dépend.

Petit tour d’horizon sur la question…

Pourquoi donner des os à son chien ou son chat ?

2 cas de figure bien distincts :

1) Usage récréatif uniquement

2) Os donné dans le cadre d’un régime alimentaire spécifique (ration ménagère incluant os et abats, BARF, RAW FEEDING ou encore PREY MODEL).

Dans un contexte préventif, vous vous posez peut-être des questions au sujet de ce que vous donnez à manger à votre chien ou votre chat. Votre objectif est de lui donner des aliments de meilleure qualité et votre démarche vous amène à vous poser la question d’une alimentation plus naturelle et moins industrielle.

Les régimes alimentaires naturels canins et félins tendent vers une alimentation + respectueuse et + proche de ce que leur organisme absorberait au naturel.

Pour résumé et dans ce cas de figure, vous vous dirigez vers des régimes alimentaire type ration ménagère, BARF, RAW FEEDING ou encore PREY MODEL, c’est-à-dire une alimentation qui inclue des ‘vrais’ aliments avec des aliments bruts et non ou peu transformés et qui se rapprochent de ce que mangent leurs ancêtres.
Dans les proies mangées par ces derniers, le muscle (la viande), les organes et leur contenu ainsi que les os étaient consommées.

Une alimentation de ce type ne se limite donc pas à la viande, aux poissons ou encore aux fruits de mer. Pour équilibrer les besoins de votre chien ou de votre chat, il est nécessaire de compléter son régime par d’autres aliments comme les abats, les légumes voire des fruits et un peu de féculents et bien sûr les fameux os.

Remarque : À défaut, il est également possible d’équilibrer une alimentation ‘fait-maison’ par certains compléments alimentaires si des os ou des abats ne sont pas proposés.

Os crus ou os cuits ?

AUCUN os cuit ne doit être donné à un chien ou un chat.

La cuisson modifie la structure moléculaire des os les rendant cassants et pouvant provoquer des lésions +/- graves au niveau buccal, stomacal ou intestinal.
Pour la même raison, un os après cuisson perd son intérêt nutritionnel.

Quels sont les intérêts de donner des os à son chien et son chat ?

  1. Hygiène bucco-dentaire
    Les os ne sont pas des brosses à dents mais l’action mécanique sur la surface des dents et la stimulation de sécrétion d’enzymes salivaires permettent d’entretenir une bonne hygiène bucco-dentaire limitant l’apparition de la plaque dentaire et du tartre.
  2. Action apaisante
    En rongeant un os, une série de processus biochimiques se mettent en place et des neuromédiateurs sont synthétisés agissant au niveau du cerveau de l’animal. C’est pour cette raison que cette action a un effet apaisant et calmant sur votre chien ou votre chat.
    C’est une activité qui lui demande du temps et qui occupe son mental. Chose qu’on ne retrouve pas avec les croquettes ou l’alimentation humide.
  3. Stimulation des muscles de la mâchoire
    Ronger des os est un excellent exercice pour les muscles masticateurs.
  4. Riche en micronutriments essentiels, en calcium, phosphore, magnésium et autres minéraux et oligo-éléments
    Les os, la moelle osseuse et les cartilages sont riches en collagène, en calcium sous forme de carbonate et de phosphate, en phosphore, en magnésium et en graisses.
    Le collagène présent dans les os sous forme crue est relativement peu digestible.
    Les os charnus permettent d’apporter :
    – des protéines, de la graisse, de l’eau, des vitamines et des minéraux
    – des acides gras essentiels et des anti-oxydants
    – un bon ratio en Ca/P
  5. Satisfaction
    Parce qu’ils adorent ça, tout simplement
  6. Stimulation de l’estomac et des intestins
    C’est un effet peu voire pas du tout abordé dans la littérature actuelle.
    En incluant des os dans le régime alimentaire de votre animal, l’action mécanique de ceux-ci stimulent les parois et la musculature lisse de l’estomac et des intestins.
    Si vous nourrissez votre animal avec un régime alimentaire incluant des os, son système digestif est sollicité de manière différente par rapport à une alimentation industrielle dont la digestion et la consistance sont radicalement différentes.
    Il serait intéressant de voir si cette action mécanique et stimulante sur les muscles lisses du système digestif aurait un impact positif pour les chiens sujets au syndrome de dilatation-torsion d’estomac.
    Malheureusement, aucune étude n’a été menée à ce sujet.

Quels sont les critères pour choisir les os à donner à mon chien ou à mon chat ?

  1. Taille des os
    Il est évident que tous les chiens ne sont pas dotés de la même mâchoire. Il convient donc d’adapter la taille des os à ce critère. Privilégier des os plus larges que la largeur de sa mâchoire et aussi long que la longueur de sa tête au minimum pour les os « nus ». En ce qui concerne les os charnus, ce critère n’est pas tout à fait juste. Les os charnus obligent le chien à prendre son temps pour les consommer.

    Attention, si vous pré-découpez les os.
    En effet, selon la découpe appliquée sur l’os, ils peuvent se briser plus facilement ou générer des esquilles qui pourraient blesser la bouche, l’estomac ou les intestins de votre animal (ex : pas d’os à moelle coupés dans le sens de la longueur).

  2. Régime alimentaire de votre chien ou de votre chat et habitude à recevoir des os
    En effet, la flore intestinale d’un chien ou d’un chat alimenté par une alimentation exclusivement industrielle n’est pas la même que celle des animaux qui reçoivent une alimentation plus carnée et plus brute type ration ménagère, BARF, RAW FEEDING, PREY MODEL, etc.
    C’est un critère peu évoqué à mon grand regret et pourtant il fait une énorme différence quant au risque de donner des os ou non à son animal.
    La flore intestinale ou microbiote d’un animal qui ne mange que des croquettes par exemple est habituée à digérer ses aliments. Si vous introduisez un os dans ce type de régime, il est fort à parier que la digestion se fasse difficilement. C’est pour cette raison que je recommande toujours de les introduire PROGRESSIVEMENT et de surveiller le transit et la digestion de votre animal si vous tentez l’expérience.
  3. Qualité des os
    Les os constituant le squelette de l’animal ont leur composition et leur qualité qui varie en fonction de comment l’animal a été traité au cours de sa vie.
    Un animal ayant reçu des traitements chimiques répétés et ayant été peu respecté dans son mode de vie (élevage intensif par exemple) présentera des os de moindre qualité comparativement à un animal qui aura pu vivre son existence proche de son mode de vie naturel.
    C’est pourquoi je recommande à mes clients de se renseigner de la provenance des os qu’ils achètent et de choisir préférentiellement de s’approvisionner chez un boucher.
  4. Densité des os
    Tous les os n’ont pas la même densité. Les os des membres antérieurs et postérieurs (pour les animaux à 4 pattes) sont beaucoup plus denses que les os situés au niveau vertébral ou au niveau de la cage thoracique. Les contraintes mécaniques (os porteurs) ne sont pas les mêmes et sont un facteur qui influent au niveau de la densité des os.
    Un os trop dense peut ainsi favoriser les fractures dentaires.
  5. Race de chiens et leurs particularités
    Mention spéciale pour les races brachycéphales comme le bouledogue français, le bulldog anglais, le carlin, le boxer, etc.
    Par la sélection génétique qui a été pratiquée, la taille de leurs mâchoires est réduite et l’alignement de leurs dents ainsi que l’occlusion pas toujours optimaux rendant leur mastication moins puissante. Il convient de s’adapter à cette particularité pour choisir les os que vous allez lui proposer.
  6. État de la dentition
    Assurez vous toujours que votre animal ait une bouche en bonne santé, des dents et des gencives saines qui lui permettent de bien ronger les os que vous lui donnerez.
    N’hésitez pas à le faire examiner avant de vous lancer.

Est-ce dangereux de donner des os à mon chien ou à mon chat ?

Il existe effectivement des risques et ces derniers dépendent de nombreux facteurs que je détaille dans le paragraphe ci-dessous.

Quels sont les risques de donner des os à mon chien ou à mon chat ?

  1. Blessures dans la bouche, de l’œsophage, de l’estomac ou des intestins voire perforation et nécrose intestinale
    Si des fragments d’os ou esquilles se détachent de l’os, il est possible que cela viennent blesser les gencives, le palais, la langue ou le fond de la gorge (pharynx).
    Une fois avalés, ces fragments peuvent abîmer voire perforer l’œsophage, l’estomac ou les intestins.
    Ce risque est à nuancer car cela dépendra des facteurs évoqués ci-dessous dans l’article. Cependant, il est bon de savoir que ce risque est présent.
    Si la taille de l’os n’est pas adaptée, il peut se coincer dans la gueule de votre chien ou de votre chat. Tous les vétérinaires ont déjà eu affaire aux cas typiques d’os à moelle qui se logent autour de la mâchoire inférieure ou le morceau d’os qui se coince au niveau du palais entre les 2 arcades dentaires supérieures.
    Dans ce cas, il est souvent nécessaire de scier l’os pour débarrasser le chien et recourir à une tranquillisation voire une anesthésie générale.
  2. Fractures dentaires
    Selon la taille de l’os et celle de votre chien, il est possible que votre chien se casse une dent. Son comportement, la taille et la densité de l’os sont les facteurs à prendre en considération pour évaluer ce risque.
    Sans parler de la douleur qu’une fracture dentaire peut occasionner, une dent fracturée peut s’infecter et provoquer un abcès dentaire voire une maladie systémique comme une endocardite, une néphrite ou une hépatite sur le long terme par le passage chronique de bactéries dans le sang.
    Attention, certains chiens ne montrent que peu de symptômes. Ces fractures peuvent donc passer inaperçues.
  3. Constipation
    La composition de l’os et notamment sa richesse en calcium a un impact sur la consistance des selles. Elle a tendance à durcir les selles et peut entraîner une constipation.
  4. Obstruction intestinale
    Les morceaux d’os, s’ils ne sont pas suffisamment digérés peuvent se coincer au niveau de l’œsophage, l’estomac ou les intestins entraînant alors une occlusion partielle (observée par une constipation voire des vomissements) ou totale qui nécessitera une intervention chirurgicale.
    Dans les cas les + graves, des fragments perforent la paroi de l’intestin et une contamination de la cavité abdominale peut en résulter (péritonite).
    De mon point de vue, ce risque est grandement influencé par le régime alimentaire de votre chien et son habitude à recevoir des os.
    Un chien ou un chat qui ne mange que des croquettes et à qui on donne un os a une flore intestinale bien différente d’un animal qui est déjà à un régime « plus naturel » comme les rations ménagères, le BARF, le RAW FEEDING, le PREY MODEL ou autre régime + carné.
    Tout n’est ni noir ni blanc. Pour cette raison, je recommande toujours d’introduire progressivement les os à un régime alimentaire.
    Pour un usage récréatif et des animaux qui mangent à 100 % une alimentation industrielle, les risques sont accrus.
    Pour un usage nutritionnel et des animaux qui reçoivent déjà régulièrement une alimentation + naturelle, les risques existent toujours mais sont moins importants.
    Il est toujours important d’évaluer INDIVIDUELLEMENT les risques et bénéfices pour orienter le choix de lui donner des os.
  5. Excès d’apport en minéraux
    Donner trop d’os peut entraîner un excès d’apport en minéraux. Comme toujours, l’objectif est de trouver le bon équilibre, ni trop ni trop peu.
    Si vous donnez trop d’os à votre chien, les selles peuvent devenir crayeuses (blanchâtres). C’est un indicateur qui peut vous permettre d’adapter la quantité d’os que vous lui donnez si les os font partie intégrante de son régime alimentaire.
    Tous les os charnus ne contiennent pas le même pourcentage viande-os. Sélectionnez les morceaux en fonction des besoins de votre animal et des selles qu’il présente.
  6. Risque infectieux (bactérien et parasitaire)
    Les os crus de certains animaux peuvent être contaminés (parasites ou bactéries notamment). Les os de porc sont le plus à risque à ce niveau là.
    Il est important de vérifier la provenance et la traçabilité des os que vous donnez à votre animal.
    De plus, au-delà de 12h, si votre animal n’a pas consommé l’os, jetez-le.
    En effet, un processus de décomposition se met en place et les bactéries se multiplient au fur et à mesure sur l’os, les cartilages et la viande présente. Certains insectes, comme les mouches par exemple, peuvent venir pondre sur un os qui traîne également.Au sujet des chiens qui enterrent leur os…
    Là aussi, cette question n’est pas si simple. C’est un comportement que vous pouvez observer si vous laissez un os à votre chien. En enterrant un os dans la terre, il subit des processus de décomposition et le risque de contamination bactérienne peut ainsi augmenter.
    Cependant ce comportement a bien une raison d’exister.
    La terre est un écosystème en elle-même et contient de nombreux micro-organismes. Certains viennent s’y déposer lorsque votre chien enterre son os et ainsi l’enrichir.
    Cependant, il est impossible d’évaluer le nombre de bactéries ainsi que leur nature lorsqu’il fait ça. C’est pourquoi, par précaution, il est recommandé de lui enlever si vous voyez qu’il a déterré un os.
    Le risque infectieux par rapport aux régimes contenant des aliments crus fait hautement débat quant à la possibilité de transmission de bactéries pathogènes à l’homme.
    Là aussi, je serai plus modérée au sujet de ce risque. Il est évident que si des personnes fragiles ou immunodéprimées ou encore des enfants en bas âge avec un système immunitaire non mature, il sera recommandé d’éviter ce type d’aliment.

Surveiller son chien ou son chat lorsqu’il consomme son os

C’est une règle indispensable pour s’assurer de maîtriser les risques évoqués ci-dessus.

Quel est son comportement face à l’os ?

Prend-il le temps de ronger/mastiquer/mâcher l’os avant d’en avaler des morceaux ?

Se sent-il en compétition et montre-t-il des signes de stress ou d’anxiété voire d’agressivité ?

S’il cherche à casser l’os en morceaux rapidement pour en avaler des gros morceaux, retirez-lui. Dans ce cas, les risques cités ci-dessus sont trop importants.

Si vous remarquez du sang sur l’os, votre chien s’est probablement blessé en le rongeant.
C’est une raison supplémentaire d’opter pour des os charnus qui possèdent encore de la viande attaché à l’os et qui limitent ce risque de blessures.

Si vous avez plusieurs chiens, faites attention qu’ils n’entrent pas en compétition et se précipitent sur l’os pour pas que son congénère lui vole. Un os par chien !

Quelle quantité d’os et à quelle fréquence puis-je donner des os à mon chien ou mon chat ?

Tout dépend de l’utilisation que vous souhaitez en faire.
Donner un os à usage récréatif à un chien ou un chat qui reçoit une alimentation industrielle n’est pas la même chose que de donner des os charnus dans le cadre d’un régime alimentaire + naturel type ration ménagère, BARF, RAW FEEDING ou PREY MODEL.
Dans ce dernier cas de figure, un pourcentage est à respecter en fonction du gabarit, de l’âge et de la condition de votre animal.
En général, les os charnus doivent représenter 10 % des apports alimentaires pour un chien adulte, plutôt 15 % pour les chiots et femelles allaitantes.

De plus, selon son âge et son activité, ses besoins sont variables. Il convient donc d’évaluer la situation de votre animal pour répondre de manière précise à cette question.

Dans le cas d’un usage récréatif, je vous recommanderai de ne pas donner trop d’os pour éviter les risques cités ci-dessus.

Et si mon animal a une mauvaise dentition ou n’a plus de dents ?

Comment puis-je lui faire bénéficier des bienfaits des os ?

Pour les animaux qui n’ont pas les mâchoires ou la dentition qui permettent la consommation d’os, laissez tomber l’usage récréatif des os.
Si vous souhaitez malgré tout une nutrition naturelle pour ces derniers, il existe 2 options :

  • Broyer les os (dans ce cas, il faut vous équiper d’outils spécifiques)

  • Complémenter leur alimentation par du bouillon d’os

 

Conservation des os

Vous pouvez congeler les os et les décongeler à la demande avant de lui proposer.
Ne gardez pas un os cru plus de 12h s’il n’a pas été consommé. Au-delà de ce délai, le risque de prolifération bactérienne est bien réél.